Et le tout éolien et le tout nucléaire
Avec l'orientation prise par l'actuel gouvernement, l'on file tout
droit vers et vers le tout éolien pour les énergies
renouvelables, et vers le tout nucléaire avec le lancement
du programme EPR...
Ce gouvernement montre une feinte bonne volonté envers les
énergies renouvelables en privilégiant le gros éolien
pour de nombreuses raisons politiques :
- Pour mieux faire passer la pilule du lancement du programme EPR.
- Pour montrer à l'Europe qu'il souhaite respecter ses engagements.
- Pour faire plaisir à EDF qui pourra, par le biais de filiales,
augmenter sa production d'électricité qui stagne
malheureusement depuis de nombreuses années...
- EDF pourra vendre les kWh éoliens au prix du kWh vert,
c'est à dire au prix fort, aux consommateurs allemands.
- Pour faire plaisir à la grosse industrie du nucléaire
(Framatome, groupe Areva) qui va pouvoir faire beaucoup
d'argent dans l'éolien, et qui en prime se "verdira"
à peu de frais, car son image de marque n'est pas franchement
bonne.
- Pour faire plaisir aux banquiers, qui vont apporter les fonds
nécessaires au développement du programme éolien,
et vont prélever au passage un pourcentage leur permettant
de vivre dignement.
- Pour faire plaisir à une partie de son électorat,
et au passage élargir son électorat.
L'éolien, c'est moins de CO²
En France, nous possédons hélas une très importante
production d'électriciténucléaire, mais qui
ne peut varier au fil de la demande. Une production complémentaire,
à base de charbon, gaz, pétrole et hydraulique est
produite dans notre pays ou est importée. La production éolienne
se substituera donc à cette production, et permettra ainsi
de moins produire de CO².
L'éolien est intermittent*
L'éolien, tout comme le solaire thermique et photovoltaïque,
est soumis aux caprices de la nature et quand il n'y a plus de vent,
ou de soleil, la production d'énergie cesse.
En solaire thermique, un stockage temporaire et limité d'énergie
s'effectue dans les planchers ou murs chauffants, ou dans des réservoirs
d'eau chaude isolés.
Quant à l'électricité, elle ne peut être
stockée que dans des barrages, or il n'existe plus en France
de sites intéressants.
Privilégier d'autres choix énergétiques
Pour se passer de l'énergie nucléaire, l'apport de
l'éolien est indispensable, mais d'autres possibilités
méritent un soutien encore plus important. Le rapport
parlementaire Birraux - Le Déaut insiste à juste titre
sur le potentiel considérable des sources d'énergie
locales comme le solaire thermique, le photovoltaïque et la
biomasse utilisables sur la quasi-totalité du territoire.
On peut y ajouter le petit éolien, la petite hydraulique,
mais aussi les centrales géothermiques en roches sèches.
La cogénération à partir de gaz naturel, ou
mieux à partir de la biomasse, à l'aide d'un moteur
thermique ou d'une pile à combustible est aussi une voie
à développer prioritairement.
L'éolien, c'est mieux que le nucléaire...
Pour le public, il ne paraît pas envisageable de réduire
massivement à terme notre consommation d'électricité,
et comme l'énergie nucléaire enregistre un rejet majoritaire
et grandissant, l'énergie éolienne est une providence
pour conserver notre niveau de vie auquel nous avons droit(!), d'ailleurs
quelques pays nous précèdent dans cette voie
Des associations soutiennent le gros éolien
Paradoxalement des associations, dont le CLER, trouvent de l'intérêt
à ce développement massif de l'éolien qui représente
pour elles "un formidable outil de développement local".
Pour cela, le CLER et l'association AMORCE ont créé
le club "CLEO" (réseau des collectivités
locales concernées par l'énergie éolienne).
C'est aussi, selon elles, le seul moyen pour permettre de faire
face à l'augmentation inéluctable de la consommation
d'électricité des années à venir sans
avoir recours au nucléaire.
Nous sommes là en pleine logique de profit, et les aspects
environnementaux et aménagement du territoire ne servent
qu'à jeter de la poudre aux yeux.
On se retrouve en réalité en présence des mêmes
sirènes qui ont permis l'acceptation des centrales nucléaires
dans les années 70, avec il est vrai le danger en moins.
D'autres associations s'opposent au gros éolien
Ces associations regroupent malheureusement trop souvent des habitants
des villes pour lesquelles leur motivation anti-éolien ne
relève que du nimby* : ces vacanciers du week-end qui souhaitent
profiter pleinement de leur maison de campagne, ne veulent pas que
leur paysage soit détruit par l'implantation d'éoliennes,
mais ils se fichent éperdument de leur mode de vie et des
nuisances qu'ils occasionnent à longueur d'année à
l'environnement, en bref, manger n'importe quoi, consommer de l'électricité
nucléaire, rouler en 4x4 ou prendre l'avion quand ils en
ont envie ne les interpelle guère.
* Nimby = not in my backyard = pas de ça chez moi = je m'en
fous si c'est chez mon voisin.
Un marché juteux pour quelques grands groupes
Ces "fermes éoliennes" représentent en réalité
la fuite en avant de la grosse industrie électronucléaire
en déclin en déclin (en particulier FRAMATOME à
travers le groupe AREVA) vers un marché porteur, valorisant
et juteux. La Commission de Régulation de l'Electricité
(CRE) évoque, en fonction des sites, un taux de rentabilité
de 15% à 28% l'an sur fonds propres après impôts.
Une bonne affaire pour quelques agriculteurs, pas pour les
consommateurs d'électricité
Sachant qu'un hectare de céréales rapporte annuellement
environ 600€, et qu'une éolienne sur la même surface
peut rapporter entre 3000 et 4500€, on assiste à une
vague de spéculation foncière portée par des
centaines de projets. Le prix d'achat attrayant du kWh est à
l'origine de cet engouement, et comme il faut bien que l'argent
vienne de quelque part, c'est in fine le consommateur d'électricité
qui paiera à travers sa consommation le financement du programme
éolien, et indirectement la rémunération des
banques qui ont apporté les fonds.
Un manque de réflexion sur les besoins en énergie
Ces "fermes éoliennes", sont en réalité
des "centrales éoliennes", capables de produire
des quantités colossales d'électricité s'intégrant
dans le système actuel de centralisation des moyens de production.
Cette production de masse facile fait des citoyens des consommateurs
d'électricité exigeants en terme de prix, de quantité
et de disponibilité. Il est indispensable de sortir de cette
logique de consommateurs et d'élaborer un développement
local des énergies renouvelables pouvant déboucher
sur la ré appropriation de l'énergie, hors de la logique
de la facture.
On peut légitimement se poser la question si l'on a réellement
besoin d'installer environ 17000 éoliennes soit 14000MW d'éolien
produisant annuellement 35TWh.
La substitution énergétique, c'est moins cher
Lorsque c'est possible, il est économique de remplacer l'électricité
par d'autres énergies, le
coût du kWh solaire thermique étant inférieur
à celui de l'éolien.
Par exemple, le solaire thermique par production d'eau chaude à
partir de capteurs solaires à eau permet, lorsque le site
s'y prête, des économies d'énergie de 40% à
100% en eau chaude et en chauffage, et représente l'énergie
de substitution de choix à l'électricité. Ses
possibilités sont quasiment inexploitées dans le résidentiel,
le tertiaire, mais aussi dans l'artisanat et l'industrie. Les allemands,
qui l'ont bien compris, installent actuellement 100 fois plus de
capteurs solaires thermiques que les français.
L'efficacité énergétique doit être
prise en compte pour les décennies à venir
Comme une énergie non consommée n'a pas à être
produite, la voie du bon sens consiste à privilégier
l'amélioration de l'efficacité
énergétique de nos chauffages et de nos biens
de consommation. Par exemple, par rapport aux lampes à incandescence,
les lampes fluocompactes consomment 5 fois moins, et les leds à
haut flux consomment dix fois moins et durent plus de 10 ans. Utiliser
des leds à haut flux consomme ainsi 67 fois moins qu'un lampadaire
à lampe halogène! Les gains envisageables par les
techniques nouvelles et émergentes sont considérables.
* Les centrales nucléaires ont un taux de disponibilité
supérieur à 80%, soit environ 7000 heures de production
par an. Dans les sites venteux, les éoliennes ont des durées
de fonctionnement à puissance maximum de 2000 à 3000
heures par an à terre, et de 4000 heures en offshore, soit
des taux de disponibilité respectivement de 23%, 34% et 46%.
Pour produire la même quantité d'électricité,
une centrale éolienne offshore ayant un taux de disponibilité
de 40% devra par conséquent avoir une puissance double d'une
centrale nucléaire.