Toute vérité
franchit trois étapes. D'abord elle est
ridiculisée. Ensuite elle subit une forte opposition.
Puis elle est considérée comme ayant toujours
été une
évidence."
Arthur
Schopenhauer
Antinucléaire depuis
plus de 30 ans, et bien entendu favorable au développement
des énergies
renouvelables, j'en arrive actuellement à la conclusion
qu'il faut s'opposer au
plan éolien décidé par le Grenelle de
l'Environnement (voir l'article précédent
"Un anti-nucléaire critique le tout éolien").
J'ai
appris récemment qu'Hervé Kempf, auteur du livre "Comment les
riches détruisent la planète" et journaliste au Monde, qui avait
présenté un article défavorable
à
l'éolien à Sortir du Nucléaire, avait eu tout comme moi des ennuis (voir
sur son blog de REPORTERRE l'article "Le Réseau Sortir du Nucléaire censure
Hervé Kempf".
http://www.reporterre.net/spip.php?article291&var_recherche=eolien.
Il y a
donc parmi les écolos un noyau de quelques lanceurs d'alerte
qui subissent des
vexations, car ils sont critiques envers la politique
énergétique imposée par
le Grenelle.
Le
dialogue
est impossible avec quelques amis écolos
Dans un premier
temps, j'ai fait part de ma réflexion à quelques
amis "verts", qui
m'ont considéré comme un peu naïf ou
récupéré par Giscard et consorts. Dans
les
associations écolo beaucoup ne comprennent pas ma
démarche et me taxent
indirectement de pro-nucléaire. Pour moi, c'est une
expérience inédite et
pénible à constater de la part d'amis
écolos de très longue date.
Le plus souvent, il y
a refus de dialogue de la part des pro-éoliens, mais
lorsqu'un début de
discussion s'instaure, il se traduit essentiellement par un dialogue de
sourds.
Un exemple, lorsque j'avance que le coût excessif de
l'éolien va priver de
fonds le développement de l'isolation, on me
répond que "le danger du
nucléaire est sans commune mesure avec les incommensurables
dangers de
l'éolien, il faut donc s'occuper prioritairement du
nucléaire", et puis on
se quitte en se sentant tous les deux un peu coupables de ne pas avoir
compris
l'autre.
Et
puis il y a cette réponse d'un élu "vert" : "vous
les écolos,
vous ne voulez pas de nucléaire, pas d'éolien,
pas de barrages, et même plus de
photovoltaïque…". J'ai constaté que les
personne encartées sont les plus
irritables et hostiles à la discussion.
Il est
difficile avec les associations
Constatant
que la plupart des associations environnementalistes sont favorables au
plan éolien,
j'en ai contacté par mail quelque-unes pour leur expliquer
ma position et ainsi
engager le dialogue.
J'ai
questionné Greenpeace France, la réponse a
été brève, mais leurs
priorités sont
ailleurs et les énergies renouvelables sont sans danger sur
la santé, alors que
ce n'est pas le cas pour le nucléaire.
Pour
le WWF, la réponse a été plus
développée et davantage technique, mais soutenir
les énergies renouvelables reste une priorité.
J'ai
aussi contacté Sortir du Nucléaire, auquel
j'adhère depuis sa création, et qui
est farouchement pour le plan éolien. Après
l'échange d'une quarantaine de
mails durant tout le mois de mars sur la liste de la commission
Stratégie de
SDN dont je fais partie, il a été
décidé la création d'un groupe de
travail sur
l'éolien, mais hélas pas avant le mois de juin.
C'est
dommage de différer cette réflexion qui
remettrait en cause la pertinence du
programme énergies renouvelables du Grenelle de
l'Environnement manipulé par
les lobbies.
Des faits
nouveaux propres à modifier le jugement
J'étais
jusqu'à présent favorable à
l'énergie éolienne, car elle présente
de très
nombreux avantages : énergie renouvelable, non polluante,
sans déchets
dangereux, sans danger, et par ses avantages elle s'oppose totalement
au
nucléaire.
Ce
qui me dérange c'est le cadre dans lequel se
développe actuellement le plan
éolien voulu par le Grenelle :
· On constate
impuissants à l'augmentation permanente de notre
consommation d'électricité.
· Il n'y a pas
eu de réflexion sur la sortie du nucléaire.
· On assiste à
la relance du programme nucléaire.
· Production de
davantage de CO² (à cause du trop fort taux
d'éolien dans le mix électrique).
· Les sources
d'énergie complémentaires à
l'éolien n'ont pas été
définies.
· Coût excessif
(50 à 75Md€).
· Ces fonds
pourraient être utilisés de façon
beaucoup plus efficace (dans l'isolation,
etc.).
· C'est la
privatisation d'une partie d'un service public, en l'occurrence d'EDF.
Ces
faits nouveaux m'ont fait changer d'avis parce qu'ils nuisent
à l'éolien, et
vont retarder de vingt ans la sortie du nucléaire dans notre
pays.
Qu'attendent
les écolos pour dialoguer sur ces faits, et engager une
discussion de fond sur
notre politique énergétique sans se laisser
hypnotiser par les ors du Grenelle?
Les
énergies
renouvelables, c'est le bonheur et le progrès
Pour pouvoir
conserver notre niveau de vie, c'est certain qu'il est confortable de
croire
que "le développement harmonieux de toutes les
énergies
renouvelables" permettra de remplacer nos énergies
polluantes et
dangereuses.
L'éolien
possède une
bonne image dans le public, et tendre à rattraper les pays
qui ont un fort parc
éolien est ressenti comme un progrès.
Les avantages de
l'éolien, formatés dans notre inconscient, sont
réinitialisées périodiquement
par le discours positiviste des associations et des médias
influencés par les
lobbies. Dans ces conditions, critiquer le plan éolien est
très mal perçu.
Pour faire passer le
message, un facteur essentiel est oublié dans la
communication, car il
enlèverait toute crédibilité aux
énergies renouvelables, c'est que leur
potentiel de production est totalement incapable de couvrir notre boulimie
énergétique. Aussi pour sortir du
nucléaire, et des autres énergies fossiles, il
est incontournable de commencer
de toute urgence à réduire drastiquement notre
consommation d'énergies.
Les
économies d'énergies, ce n'est pas vendeur
Un champ d'éoliennes
ou des capteurs solaires sont plus attractifs que des
bâtiments isolés par
l'extérieur.
L'impact
visuel d'une action est primordial pour les particuliers, pour les
élus, tout
comme pour les associations, et hélas l'isolation n'a rien
à montrer.
Plus
généralement, en dehors de période de
crise énergétique, il faut constater que
les économies d'énergie ce n'est pas vendeur, et
en plus c'est pénalisant pour
le PIB.
Dans notre
société ce
sont les lobbies qui formatent les opinions, et jusqu'à ce
jour les lobbies des
économies d'énergie ne font pas le poids face
à EDF, AREVA, GDF, Total (tous de
très grands pollueurs), soutenus par le pouvoir, qui se sont
lancés dans les
énergies renouvelables car il y a des profits à
réaliser sur le dos des
consommateurs à travers leur consommation
d'électricité.
L'exemple
des biocarburants
Il
y a quelques années, les biocarburants étaient
considérés comme une énergie
renouvelable très intéressante et leur production
s'amplifia, alors qu'un
simple calcul permettait de conclure qu'ils seraient inefficaces pour
combler
notre boulimie de carburants, et l'on savait que leur bilan
énergétique était
globalement mauvais.
Depuis,
l'opinion publique a totalement changé d'opinion
à la vue de forêts primaires
dévastées.
Nous
avons donc été manipulés à
nos dépends par le lobby agricole. De cette
volonté
politique passée, il nous reste en France 49 usines en
pleine production, dont
certaines flambant neuves, l'aide aux agrocarburants a
été de l'ordre de 600
millions d'euros en 2008, et ces agrocarburants nous sommes
obligés de les
consommer car ils sont incorporés dans nos carburants.
Ne
nous laissons pas manipuler à nouveau par les lobbies, comme
cela a été le cas
avec les biocarburants.
Jean-Louis
Gaby - Mai 2009
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